dimanche, février 25, 2007

Tout simplement magnifique ...

Nous sommes le 22 février, et cela fait donc maintenant deux petites journées que je suis revenu de ma dernière manip à Pointe Basse, sur la côte nord de l’île. Et que dire … c’était absolument génial ; certainement une de mes plus belles manips. Un départ de la base à 5h du matin – parce que je suis parti avec des gars qui voulait faire l’entretien d’un relais radio se trouvant entre Pointe Basse et la base (mais eux devaient faire le trajet aller-retour dans la journée) – sous une petite brume puis un temps grandiose. Puis j’ai pu m’arrêter en chemin pour faire les suivis de croissance des Choux de Kerguelen dans de bonnes conditions, ce qui est rare malgré tout dans le coin, et finir une de mes manips principales de mon hivernage, la manip escargot. Bref, une journée magnifique, qui s’est terminée par une séance de bronzage sur le radier en bois qui supporte le chalet de Pointe Basse, par le suivi de mes autres choux de Ker à quelques minutes de l’arbec, puis pour finir, par une petite balade avec l’ornitho sur le Champ des Albatros (cf photos). Il n’y a pas à dire, Pointe Basse est certainement un des plus beaux sites de l’île ; en tous cas en ce qui me concerne, c’est là que je me sens le mieux. Je ne sais pas trop si c’est le fait de passer une chaîne de montagne qui nous sépare du reste de l’île, mais je me sens complètement isolé et libre de tout là-bas. Ce coin est tellement paisible et, à quelque part, si loin de l’influence directe de l’homme ; dans le fond, ce n’est pas pour rien que cette partie de l’île est protégée et nécessite une autorisation d’accès. Le reste de nos 5 jours de manip fut tout aussi agréable, surtout que pour une fois j’étais parti léger, sans mes flacons, pinces et autres matos de travail. J’ai donc pu aider pour une fois Hélène, l’ornitho, pendant ses manips (albatros, gorfou etc.), prendre des photos et profiter à fond des paysages et de tout ce qui m’entourait là-bas, et me faire des petites séances siestes/bronzage torse nu en après-midi. Que du bonheur. Bref, pour finir ces quelques jours, nous sommes revenus par la vallée de la Hébé, qui est la plus belle vallée que j’ai pu voir jusqu’à maintenant, avec une nuit passée à Baie Américaine, où j’ai pu faire quelques prélèvements pour continuer la cartographie du ver de terre introduit de l’île, et le lendemain ce fut retour sur l’île, bien en forme et prêt pour de nouvelles manips sur base …

vendredi, janvier 05, 2007

Magnifique ...

On zappe tout le reste, et maintenant je m’attaque à mon périple Base (côte est) - Pointe Basse (côte nord-ouest) - Baie américaine (retour sur la côte est) - Base de 5 jours avec Hélène l’ornitho et Fabrice, le géophysicien, et un photographe italien et sa femme, qui travaillent pour les TAAFs. Magique, magnifique, grandiose, … tout simplement les terres australes, et la raison qui fait que nous sommes là. Rien que d’y penser, j’en ai des frissons dans le dos. Nous avons eu du super mauvais temps pour le trajet aller, avec arrivée sous le brouillard et la pluie, mais ce qui est magique à Pointe Basse c’est que même sous le mauvais temps, c’est … Pointe Basse. Comme à la télé, mais en vrai. Le champ des albatros et leur parade sous une petite brume entrecoupée d’éclaircies, le temps qui change à la vitesse de la lumière, la nature sauvage, les manchots par milliers et les otaries et autres albatros fuligineux et leurs cris si particuliers … que du bonheur. Nous avons pu faire toutes nos manips, dont certaines en rappel pour observer les albatros sur leur nid, et les gens avec qui je suis parti étaient géniaux. Ça a fait un bien fou. C’est sans parler du chemin de retour pour Baie américaine dans la vallée de la Hébé, sauvage mais colorée par les plantes en fleur, avec l’arrivée sur une plage digne des caraïbes. Puis ce fût ensuite le retour sur Base le lendemain, après une manip ver de terre pour continuer la cartographie de son expansion. Puis là – …. les mêmes frissons que tout à l’heure sur mes bras, mais en modèle homme …. – le passage par la petite manchotière. Et là, alors que nous n’arrêtions pas de fixer l’horizon à la recherche des orques, que nous espérions voir pour finir en beauté et qu’Hélène puisse faire de l’identification, et que nous commencions à tourner le dos à la petite manchotière pour attaquer la prochaine montée du retour sur base, Hélène reconnu un aileron au loin. Nous avons alors tous lâché nos sacs par terre, attrapé nos appareils photos et caméras, et nous nous sommes posés sur le bord de la falaise pour assister au spectacle. Les orques ont commencé à se balader devant la plage, puis à tourner de plus en plus près, puis à jouer et même à sauter, à taquiner les grands pétrels qui étaient posés sur l’eau, puis l’attaque. Enfin, ce fût davantage un entraînement pour les jeunes à mon avis, car le manchot qui a été attrapé n’a pas été mangé il nous semble. Mais voir les orques s’élancer pour bénéficier de la vitesse de la vague et rentrer dans le tube pour attaquer, c’est tout simplement incroyable. Surtout quand tu es juste en face et que tu les vois à 4 ou 5 par transparence. Je n’ai pas pu reprendre de photo à ce moment là, mais Hélène en a et je vais essayer de la récupérer. Puis après une bonne heure à se peler les cacahuètes, tellement absorbés par le spectacle que nous n’osions retourner à nos sacs nous habiller, nous avons rejoint la base, et rendu jaloux les autres VCATs, et en particulier le deuxième ornitho qui n’avait pu nous suivre pour cause d’entorse …


Ca calme ...



Bon, tout d’abord, désolé de ne pas avoir donné de nouvelles depuis maintenant plusieurs semaines je pense, mais je n’avais pas le temps de faire quelque chose d’un peu consistant et surtout pas tout le temps la tête à ça. C’est jours-ci je me suis rendu compte que j’étais en train de suivre des plantes marquées qui ne sont pas les bonnes espèces ou bien qui n’ont pas le bon nom, donc c’est un peu la galère, car je dois fouiller dans les clés de détermination des bouquins (car mes clés au boulot sont incomplètes) et passer mes journées derrière la loupe binoculaire à regarder si le 1/3 du quatrième pétale de la dixième fleur du quatrième rameaux est poilue des fesses ou pas … une graminée c’est pas que c’est pas sympa, mais punaise ils auraient pu introduire des cocotiers à la place. Bref, passons, et là c’est parti pour les nouvelles et les photos.

mardi, décembre 12, 2006

Manip La Pérouse et Pointe Basse



Rapidement, pour situer le sujet, la baie du « La Pérouse », appelée plus souvent La Pérouse, est une baie située sur la côte sud-ouest de l’île, et Pointe Basse est un site situé de l’autre côté de l’île, au nord-ouest. Cette sortie avait pour but de me faire voir le maximum de choses en un minimum de temps, et surtout de faire une reconnaissance du terrain, car en théorie, on ne peut faire un trajet sur l’île que si on l’a déjà fait au moins une fois auparavant. Les anciens essaient donc de nous montrer tous les sites sur lesquels on est censé travailler avant leur départ, afin d’être le plus libre possible par la suite.

Donc c’est ce que nous avons fait. Nous sommes partis 5 jours, ce qui m’a permis de faire une reconnaissance de la partie ouest de l’île. Ce fut rapide et intense, et pas mal formateur également, surtout en ce qui concerne la réalité du terrain. Par exemple, j’ai pu me rendre compte que partir plusieurs jours avec un sac de 95 litres sur le dos est complètement stupide ici, étant donné les reliefs et les conditions climatiques que l’on peut rencontrer ; lors du passage d’un col entre La Pérouse et Pointe Basse, j’ai dû ramper pour m’en sortir, car le vent était tellement fort que je me suis fait ramassé lorsque j’ai voulu passer en marchant … première envolée, mais certainement pas la dernière. L’avant-veille, lors du trajet en direction de La Pérouse, j’avais déjà troué mes gants suite à une chute causée par une rafale de vent. Les deux autres points intéressants de cette sortie furent la confirmation que les bâtons de randonnée ne sont pas de trop ici, car 4 pattes valent mieux que 2 si tu tiens à ta vie, et que les renforts sur les vêtements en gore-tex ne sont pas du luxe. Julie, la chimiste, qui était la troisième du groupe a pu le constater. Son pantalon gore-tex tout neuf n’a fait qu’une sortie ; il est déjà troué aux genoux. Bon sinon quoi dire de plus … dur dur, pas super en forme et trop chargé donc pas énormément de plaisir. Mais il paraît que c’est souvent comme ça quand on fait ce genre de manip, car il faut tout voir en un minimum de temps. Ah si, par contre j’ai pu voir et coucher, avant son démantèlement il y a quelques jours, dans l’ancien arbec de La Pérouse, un arbec (chalet) mythique de part sa vétusté et surtout sa taille réduite. C’est simple, il est de la taille de deux lits superposés collés côte-à-côte. A l’intérieur il y a un lit superposé, et le reste de la place c’est le coin cuisine et débarras, et lorsque l’on est 3, c’est là où on met le troisième couchage … ouais ba c’est pas très grand, et quand on y est, on comprend mieux la réputation de cet arbec (voir photos). Bon, puis deuxième chose sympa de cette sortie, c’est la balade à la grande manchotière au Jardin Japonais, à Pointe Basse, là où ont été tournées les séquences du Peuple Migrateur où on voit les manchots. La grisaille et la petite bruine rajoutaient une petite touche très « sauvage » à ce lieu qui est absolument magnifique. Nous avons pu voir des otaries, plusieurs espèces d’albatros et de manchots, et une mandibule de cachalot, sur la plage. Je n’ai pas fait beaucoup de photos car mon appareil s’est embué lorsque je l’ai mis sous mon gore-tex pour le protéger de la pluie. Mais j’y retourne à la fin du mois, donc je m’arrangerai pour faire des photos plus nettes cette fois-ci :)

dimanche, novembre 26, 2006

La manip à BUS (Baie-Américaine)

Baie Américaine est une station d’étude située à 7 ou 8 kilomètres de la Base, ce qui donne un bon 2 heures et demi de marche, car cela monte et descend tout le temps. Simon-Pierre m’a amené là-bas deux jours afin que je connaisse le chemin (à l’aller ce n’était pas gagné, j’ai baissé la tête tout le long) et qu’on continue de cartographier la répartition du ver de terre introduit. Cette manip fut toute une expérience. Le départ s’est fait sous la pluie, le brouillard et le vent, on ne voyait pas à 20 mètres, obligé de porter un masque car tu ne vois plus rien. Dès la première montée, j’avais les cuisses en feux, j’en ai chié comme une grosse … Mais le déplacement valait la peine. Les deux jours suivants, nous avons eu un temps magnifique (vous pourrez voir les photos), nous avons vu des manchots, des pétrels, des damiers du caps, des éléphants de mer et des orques. Nous ne les avons pas vu « beacher » pour manger les bestioles qui traînent sur la plage, mais nous les avons vu passer à quelques mètres de nous, et nous avons vu une femelle faire un petit cours à ses jeunes. Au moment où tu vois l’aileron du mâle, qui peut faire 1 mètre 80, sortir de l’eau, à peine deux ou trois mètres du bord, et que tous les animaux paniquent et fuient, même les éléphants de mer mâles, qui font plusieurs tonnes, ça donne des frissons. C’est là que tu te rends compte de ce que tu vis. Sur la base, on bosse tout le temps, donc on n’a pas vraiment le temps de réaliser ce que l’on vit. Mais là, ouah. Tu n’es rien fasse à tout ce qui t’arrive, tu es là parce que les bestioles le veulent bien. Et elles n’hésitent pas à te déranger si elles le désirent :) Mais ce qui est super drôle, c’est de voir le comportement des manchots. Ils sont tout le temps en groupe, mais il y a toujours un petit curieux pour venir voir à quoi tu ressembles. Le jeudi soir, j’étais en train de me laver dans la rivière, avec la frontale, lorsque j’ai entendu du bruit, et lorsque je me suis retourné, il y avait un manchot qui s’approchait de moi tout doucement. C’était super drôle, il se retournait de temps en temps pour dialoguer avec le reste du groupe, qui était en face de moi, de l’autre côté du rocher, comme s’il avait perdu à la courte paille et que c’était à lui de venir voir qui j’étais, mais qu’il n’était pas super rassuré. Il a fixé ma frontale, qui était à terre, puis m’a regardé finir de m’habiller ; les manchots sont beaucoup plus curieux que ce que je pensais. En tous cas les manchots royaux, car les papous et les gorfous, eux, sont beaucoup plus craintifs, il ne faut pas trop les approcher. Sinon, nous avons été accueillis à BUS par une équipe d’archéologue du CNRS de Paris que j’avais rencontré sur le bateau, et nous avons passé du bon temps ensemble. On les a même aidé à déplacer les pierres d’un chaudron de phoquier qu’ils vont ramener en métropole pour le restaurer. C’est leur boulot ici à Crozet ; ils partent ensuite début décembre à Kerguelen, pour finir d’étudier d’autres sites. Cela fait du bien de rencontrer du monde de science humaine, car nous n’avons pas forcément les mêmes façons de voir les choses ici sur l’île. Enfin, le vendredi nous sommes repartis en direction de la base, et nous avons repris les montées, et les descentes, en sens inverse, mais ce n’était pas plus facile dans ce sens là. En arrivant à la base, j’étais détruit ; punaise, les études, ce n’est pas bon pour la santé …

mardi, novembre 21, 2006

Premières impressions et vie sur la base


En fait, en essayant de prendre un peu de recul, car cela fait déjà près de 2 semaines que je suis ici sur base, c’est assez difficile de vraiment exprimer ce que je ressens, pour ceux qui se demande ce que cela fait. Enfin disons, pour être plus précis, que c’est un peu bizarre comme impression. Le voyage est malgré tout fatiguant, et comme nous attaquons le boulot directement à notre arrivée, car les manips ne sont pas faciles et la passation de consigne n’est en fin de compte pas si longue que cela (environ 1 mois), on fait des grosses journées de travail. En ce qui me concerne, j’ai malgré tout la chance d’avoir un programme avec beaucoup de terrain, donc à ce jour j’ai déjà pu sortir 2 ou 3 fois de la base, et samedi prochain je pars traverser l’île (dans le sens sud-est nord-ouest) afin de voir les différentes stations de manips. Cela va durer 5 ou 6 jours et je devrais pouvoir voir certainement les plus beaux spots de l’île. Mon prédécesseur, Simon-Pierre, veut me faire faire ce tour car il est interdit, pour les nouveaux arrivants, de partir dans des zones que l’on n’a jamais faîtes à pieds. Je pourrais donc partir avec n’importe quel accompagnateur de la base par la suite dans ces zones-là. Ensuite, nous avons beau être en début d’été, le temps est vraiment rude. Nous avons eu, par exemple, du soleil le jour de notre arrivée, et nous pouvions nous balader en tee-shirt, mais nous avons eu aussi de la neige plusieurs fois depuis notre arrivée. Et le vent étant extrêmement violent, même si les températures à l’abris ne descendent pas en dessous de zéro, les sensations dehors sont extrêmement proches des -10°C que j’ai pu connaître à Québec. Et les prévisions météo confirment cette impression parce qu’une fois corrigées en prenant en compte le vent, les températures sont régulièrement considérées entre -5 et -10°C. Et maintenant je sais ce que c’est que de marcher contre le vent :) et il paraît que je n’ai encore rien vu. D’après les « anciens », il peut arriver que tu passes certains cols en rampant, car c’est impossible de le faire debout, même avec le poids d’un sac à dos. Une année, il a même fallu qu’une fille se fasse porter par des gars, pour passer le col, elle n’était pas assez lourde … en tous cas, on verra bien, mais ça promet. Je travaille déjà avec toutes mes affaires d’hiver (chaussures de montagne, gore-tex et doudoune en duvet) alors que c’est le début de l’été. Ah au fait, ça me fait penser qu’hier nous avons vu un iceberg se balader entre notre île et l’île de l’Est, qui est en face :) Punaise, en tous cas, nous sommes loin des moyennes affichées dans les présentations que j’ai vu jusque là, avec les 2°C de moyenne en hiver et les 8°C en été, et je suis bien content d’avoir acheté des trucs pour le froid.

Pour le reste, la vie de la base est super bien organisé, les gens sont extrêmement sympas et tu as tout ce dont tu as besoin ici, il n’y a pas de problème. Le matin, le petit dèj’ est libre, tu peux arriver plus ou moins quand tu veux, puis ensuite à midi, le repas commence à 12h30, et le soir à 19h30. Puis un truc sympa sur Crozet, est que le personnel est limité, comparé à Kerguelen. Donc nous avons ce que l’on appelle la « petite Marie », et de temps en temps, c’est à toi de nettoyer les locaux communs, de préparer la salle de restauration, d’aider le cuisto s’il a besoin, et de servir les repas et de gérer le lavage de la vaisselle. Deux personnes de la base sont désignées tous les jours pour cela, mais c’est cool parce que de toutes façons tout le monde t’aide. Concernant le logement, nous avons des chambres individuelles, avec toilettes et salle de bain, c’est le grand luxe, et j’ai la plus grande, c’est tombé comme cela car Simon-Pierre avait cette chambre, et c’est bien pratique pour balancer ces trucs partout quand tu reviens du terrain tout mouillé. Nous avons des machines à laver, des sèches linges sur place également. Puis nous avons une bibliothèque, un cinéma (avec des vrais sièges de cinéma), un labo photo, un billard, un baby-foot, une table de ping-pong, une salle de muscu et cardio, un bar dans le bâtiment commun, et un autre petit bar qui fait café (ou l’inverse) dans le bâtiment des labos de recherche. Ouais, l’ambiance est vraiment cool parce que nous sommes un petit groupe d’à peine une dizaine de jeunes « scientifiques » (pour tout le bâtiment ; à tel point que certaines personnes du reste de la base pensent que nous sommes des branleurs) une fois que l’on aura mis le reste des chercheurs dans l’hélico, nous serons vraiment chez nous. Dans le fond, nous sommes amenés à gérer nos labos respectifs, pour que tout marche et reste en état. C’est la belle vie :)

L'arrivée à Crozet


Enfin, jeudi en milieu de matinée, nous avions l’île de la Possession et l’île de l’Est en ligne de mire. Les quelques mois qui nous séparaient de l’entretien ainsi que des tests médicaux et psychologiques obligatoires pour venir ici ont passé tellement vite, que je ne m’étais pas rendu compte de ce que j’allais vivre réellement ; en fait, une fois que tu as la réponse, et que tu sais que tu pars, tu as tellement de choses à faire, et tes amis et ta famille sont tellement content pour toi que tu ne réalises pas ce qui t’arrive. C’est en apercevant la base Alfred Faure, tout là haut, à quelques centaines de mètres (ou je devrais dire quelques secondes d’hélicoptère, car c’est le moyen que nous avons utilisé pour nous y rendre), sur la falaise, les quelques bâtiments perdus dans ce paysage sauvage, la grisaille, le vent glacial, les manchots nageant autour du bateau, les albatros et les pétrel à menton blanc sur le pont, que j’ai enfin réalisé ce que j’allais vivre. Là, j’ai eu un petit pincement au cœur, parce que ça y est, tu y es, tu as en face de toi la terre où tu vas passer les 13 ou 14 prochains mois de ta vie. Nous avons donc pris l’hélicoptère, puis nous avons été accueillis par les petits hommes en orange, maquillés pour l’occasion, derrière leur visière de protection, sur la zone d’atterrissage, puis nous avons posé nos bagages dans notre chambre et nous avons rencontré les autres membres de la base (dont les personnes que nous allons remplacer, et qui vont partir à la rotation de décembre pour la plupart) dans le bâtiment faisant office de restaurant, bar, café, salle de jeu, cinéma et bibliothèque. Ensuite, en ce qui me concerne, nous (les membres de l’équipe Écobio) sommes partis avec le chercheur polonais spécialiste des mousses faire des prélèvements dans les environs de la base afin de faire le tour des espèces présentes dans le coin. Nous avons alors eu l’occasion d’aller à la manchotière. J’ai pu voir de près mes premiers manchots, mes premiers éléphants de mer et mes premiers chionis, les petits oiseaux tout blanc qui courent partout et qui viennent voir à quoi tu ressembles. Nous avons ensuite longé les falaises, pour observer les quelques populations de plantes (en particulier de chou de Kerguelen) que je devrai suivre pendant mon hivernage, et aussi, pour tenter d’apercevoir les orques de la baie du Marin. Et nous avons eu la chance de les croiser (voir photos), ils sont passés à quelques mètres de nous. Puis lors du retour à la base, nous avons croisé des manchots papous, des albatros fuligineux (qui sont absolument magnifiques) et hurleur, des skuas, … et des goélands. Bon, c’est sûr ils sont vraiment plus beaux ici qu’en métropole, par contre, l’éloignement aux continents n’a pas l’air de les avoir rendu plus intelligents. Enfin on verra bien, je changerai peut-être d’avis. Puis pour finir sur la lancée, nous avons fêté notre arrivée autour d’un punch, nous avons eu le droit à un super repas de bienvenue et nous avons continué la soirée, vous devez vous en douter, autour d’une bonne bière, intégration oblige :)

Le voyage …

Bon ba ça y est, … je suis sur la base Alfred Faure, sur l’île de la Possession, dans l’océan indien austral. Le voyage a été plus long que prévu, ce qui ne m’a pas trop rassuré au début, parce que le bateau, pour moi, plus c’est court et mieux c’est. Mais en fin de compte, tout s’est super bien passé. Je suis parti de l’aéroport de Toulouse, direction Paris Charles de Gaulle (c’était BEAUCOUP plus rapide que le train et moins cher en plus) pour retrouver le reste des scientifiques rattachés à l’IPEV allant dans les TAAF, et prendre notre avion qui partait aux alentours de 19 heures. Petite surprise en arrivant, Air Austral, notre compagnie aérienne, à l’air d’être une filière d’Air France. Donc le voyage pouvait s’annoncer un peu moins craignosse que ce que je pensais … ouais, parce que cela me tentait moyen de me retrouver quelques heures plus tard avec un gilet de sauvetage sur le dos et sur un radeau perdu dans l’océan :) Par contre, deuxième surprise, nous avions un boeing 777 (comme pour aller au Canada), mais ils n’avaient pas pris l’option télé individuelle … c’est là que je me suis rendu compte que je m’étais embourgeoisé avec le temps (mais d’abord j’en suis fier, au moins pour ce point là). Toutefois, le trajet a paru super court ; j’étais tellement fatigué que j’ai somnolé une bonne partie de la nuit et je n’ai même pas regarder les films. Le lendemain (vendredi), nous sommes arrivés à La Réunion. Après avoir passé la douane, qui nous a fouillé assez soigneusement (ils ont l’air de vraiment vérifier les personnes qui arrivent sur l’île), un bus est venu nous chercher et nous a amené directement au port (qui est pas mal éloigné de l’aéroport en fait), et nous nous sommes enregistrés, puis nous avons embarqué sur le bateau, dont le petit nom est Marion Dufresne. Il paraît que c’est le plus grand bateau océanographique (je ne sais pas trop si c’est vrai), mais c’est lui qui a le record de profondeur de carottage en milieu marin. Entre temps, je m’étais patché contre le mal de mer, car il faut le mettre 6 à 12 heures avant le voyage. Donc j’ai commencé à ressentir les effets petit à petit, dont le principal (ce jour là) était de faire dormir. J’ai donc lutté comme un fou toute l’après-midi pour voir le départ de l’île et surtout l’arrivée de l’hélicoptère ; mais j’ai craqué et j’ai tout raté … et j’ai même raté le repas du soir, je me suis endormi sur les banquettes du bar. Étant patché, j’avoue que j’ai trouvé le voyage extrêmement agréable (mis à part les effets secondaires du patch). Nous sommes passés par l’île Maurice, où nous avons passé la journée du samedi sur place, puis dans la nuit le bateau est reparti, direction les îles Crozet. Puis là nous avons eu de tout, avec graduellement : les grosses journées ensoleillées avec short, bronzette, coups de soleil et mer d’huile (dimanche et lundi), la belle ensoleillée avec une mer moins calme (mardi), puis les journées de grisaille ou de pluies, avec mer plus ou moins calme (mercredi), et enfin, la mer démontée (jeudi) ; au point que des choses se renversent en cuisine ou durant les repas, et même dans la passerelle de commande. Nous n’avons pas essuyé de grosse tempête, mais nous avons pu nous rendre compte du changement de température lié au franchissement de la convergence subtropicale, qui est la zone de transition entre les eaux chaudes de l’océan indien et les courants marins plus froids liés au rapprochement du front polaire (qui se situe, lui, davantage à la latitude de Kerguelen). C’est vraiment surprenant, la température chute brusquement. Sinon concernant les effets secondaires du patch anti-mal de mer, là aussi c’est surprenant. Je pense que je les ai tous eu, sauf les plus dangereux. J’ai eu des troubles de la mémoire (ça c’est un peu con quand tu poses une question au guide du jardin botanique et que tu regardes l’hévéa, mais que tu ne te souviens plus de son nom), de la vue (la pupille se dilate, donc impossible de lire de près, t’es aveugle), musculaire (c’est là que tu te rends compte que courir, dans le fond, ce n’est pas si simple que cela) et quelques somnolences. Par contre, la mer avait beau être déchaînée, je pouvais cavaler partout, prendre des photos, lire et même travailler sur l’ordinateur … et là, … punaise, là j’ai savouré les deux derniers jours. Pour une fois, j’ai eu l’opportunité de contempler le monde au bord de la nausée (en particulier tout ceux qui n’avaient pas voulu prendre de patch après avoir vu ma tête le vendredi soir), devenir petit à petit tout blanc … le bonheur infini.

samedi, octobre 28, 2006

Direction Crozet


Voici pour ceux que cela intéresse quelques infos sur l'archipel Crozet.

- île de la Possession (l'île de Crozet sur laquelle je vais habiter et travailler) : 46°25'S; 51°45'E
- 146 km², point culminant : 934 m, la base est à 140 m d'altitude
- distance de l'afrique et de l'antarctique : 2400 km
- climat tempéré froid, 2500 mm de pluie/an (300 jours de précipitations), faibles amplitudes thermiques : 2°C l'hiver/8°C en été,
- archipel découvert en 1772 par Marion-Dufresne


Programme auquel je suis rattaché :

136 - Ecobio, responsable Marc Labouvier (Station biologique de Paimpont, Université de Rennes 1)
"Ce programme vise à mieux comprendre les mécanismes qui régissent la biodiversité des îles subantarctiques en prenant en compte l'impact de l'homme et des changements climatiques sur les écosystèmes terrestres et leur fonctionnement. Cette démarche s'inscrit dans un contexte de monitoring de la biodiversté, de compréhension des mécanismes d'invasion et d'interaction entre espèces (introduites/autochtones), d'évaluation de la stabilité de ces écosystèmes sensibles et, in fine, dans un contexte de biologie de la conservation."

Mes principales occupations sur place :

- suivi de la phénologie et de la production de graine du chou de kerguelen (Pringlea antiscorbutica)
- suivi de l'extension des espèces végétales et d'insectes introduites (piégeage, relevés)
- suivi de Notodiscus hookeri (petit escargot)
- étude de la morphologie et du régime alimentaire du rat (Ratus ratus)
- relevé des données météo des stations de l'île
- suivi des populations de vers de terre aux abords de la base/étude de l'impact des espèces introduites sur les communautés locales.

- suivi de parcelles sous OTCs (Open Top Chambers) pour étudier les effets d'une augmentation (artificielle) de la température sur les plantes.

Mais sur les îles nous ne devons jamais nous balader ou travailler seuls. Au-delà de certains périmètres, nous devons être au moins 2 puis 3 personnes, question de sécurité. Donc étant donné que je serai le seul de mon programme sur l'île, je devrai me faire des amis sur place pour avoir de l'aide, et en échange j'aiderai ces personnes pour le projet. Ce système est très intéressant car cela me permettra de travailler avec les ornithos et les mammifères marins :)

mercredi, octobre 25, 2006

Semaine de confs à l'IPEV

Objet : Conférences de présentation de l'IPEV et des différents programmes de recherche

Durée : du 18 au 22 septembre 2006

Lieu : Plouzané (siège de l’IFREMER), près de Brest, sur la côte bretonne

Alors là, ce fut également bien sympa comme semaine. Nous avions rendez-vous le lundi à la gare de Brest, pour passer la semaine là-bas. Durant cette semaine, nous avons pu faire connaissance des VCATs des 4 districts (Kerguelen, Crozet, St-Paul & Amsterdam, et Terre Adélie) et mettre un visage aux personnes de l’IPEV à qui nous avions l’habitude d’envoyer des messages. Nous avions des conférences durant la journée, de responsables de différents programmes de recherche se déroulant dans les TAAF, et des genres d’ateliers pour mieux comprendre la vie sur les bases, et les dangers que nous pourrions rencontrer. Puis le soir cela se finissait le plus souvent au bar, histoire de faire connaissance. Nous avons également eu le droit à une visite d’Océanopolis, avec repas dans leur restaurant pour achever la soirée … semaine très plaisante. En tous cas, nous avons fait de belles rencontres, nous nous sommes vraiment super bien entendus, et d’après les responsables, nous sommes un super bon groupe cette année. C’est donc plutôt prometteur pour la suite.